CARENCE EN IODE ET CANCER DU SEIN

Une réduction des apports en iode dans l’alimentation pourrait expliquer le cancer du sein métastasique chez les femmes jeunes.

Etant donné l'importance de l'iode dans la santé de la thyroïde et du sein, le développement du cerveau du fœtus, ainsi que le constat que je fais chaque jour, de sa carence dans les régimes alimentaires des femmes, je vous rappelle l’importance de pratiquer un contrôle de votre niveau d’iode et éventuellement de vous supplémenter. Je suis à votre écoute pour en parler lors d’une prochaine consultation.

Résumé de l’article dont voici le lien : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC5327366/?fbclid=IwAR1E2peXhtJnHKDxEwpzMRcCOtt9eLWho378KA0OTgAx7W2sds5iKLxJnFc

 

Une mortalité due au cancer du sein en augmentation aux Etats-Unis

Aux Etats-Unis, les cas de cancer du sein métastasique augmentent nettement depuis le milieu des années 1970 chez les jeunes femmes, âgées de 25 à 39 ans. Cette tendance inquiétante a également été observée chez les femmes de 40 à 54 ans, mais dans une moindre mesure. Comprendre la ou les causes de cette évolution devient un enjeu particulièrement important compte tenu du jeune âge de ces femmes et du faible taux de survie avec ce type de cancer. 

 

L'hypothèse principale est celle de la carence en iode

Il semblerait que la carence en iode soit une cause importante du développement du cancer du sein. Au Japon, on suppose que l'iode alimentaire joue un rôle protecteur dans le cancer du sein alors que les femmes japonaises connaissent une incidence exceptionnellement faible de cancer du sein. L’observation comparative avec des femmes japonaises émigrées ou ayant adopté un régime alimentaire occidental indique des taux plus élevés de cancer du sein. 

 

La carence en iode est une cause importante d’hypothyroïdie

Le lien potentiel entre les maladies de la thyroïde et le cancer du sein est une question d'intérêt majeure pour les femmes jeunes (âgées de 25 à 39 ans). Le cancer du sein avec métastases peut être favorisé par une fonction thyroïdienne réduite qui provoque une croissance tumorale plus lente (ce qui rend difficile un diagnostic précoce de la maladie) qui va de pair avec une invasivité accrue des cellules cancéreuses. De fait, l'importance de l'iode dans le cancer du sein est soulignée par les effets de la supplémentation en iode en association avec la doxorubixine pour le traitement du cancer du sein.

 

Carence en iode chez les jeunes femmes

L'augmentation du besoin en iode chez les femmes est probablement due à l'augmentation de l'absorption d'iode dans le tissu mammaire, l'iode jouant un rôle dans le développement et le maintien d'un tissu mammaire sain (à partir de la puberté) et dans le remodelage mammaire pendant l'allaitement et la grossesse. Or, les jeunes femmes et plus encore les femmes enceintes ont des taux d'iode urinaire inférieurs à ceux des hommes du même âge. Aux Etats-Unis dans un rapport de 2012, les femmes en âge de procréer présentaient les niveaux d'iode urinaire les plus bas de tous les groupes d'âge.

 

Diminution des niveaux d'iode corporel d’une génération à l’autre

Les comparaisons des enquêtes nationales sur la santé et la nutrition ont montré une diminution significative des niveaux d'iode urinaire dans l'ensemble de la population américaine au cours de la période 1988-1994 par rapport à la période 1971-1974. Les niveaux initiaux d'iode urinaire ont été réduits de plus de moitié au cours de la période 1988-1994. En conséquence, le pourcentage de personnes totales présentant une carence en iode (inférieure à 50 g/L) est passé de 2,6 % au cours de la période 1971-1974 à 14,5 % en 1988-1994. Les femmes présentaient une fréquence plus élevée de carence en iode que les hommes (15,1% contre 8,1 %). Pour les jeunes femmes en âge de procréer, âgées de 15 à 44 ans, l'insuffisance en iode a été multipliée par 3,8.

Des études plus récentes incluant des données entre 2009 et 2014 démontrent que les cancers du sein chez les femmes américaines de moins de 40 ans atteintes de cancer du sein métastasique ont continué d'augmenter, les femmes noires et les femmes enceintes étant particulièrement à risque. En plus du risque potentiel de cancer du sein, une légère insuffisance en iode semble être en corrélation avec des troubles neurocognitifs chez les enfants. Ainsi, l'insuffisance en iode représente un problème de santé majeur pour les femmes en âge de procréer mais aussi pour les fœtus en développement.

 

Le brome, un agent cancérigène dans le pain

La baisse observée de l'iode urinaire chez les jeunes femmes ainsi que dans la population générale, depuis les années 1970, est vraisemblablement due à l'élimination de l'iode du pain et à la substitution par du brome comme conditionneur de farine pendant cette période, fait des préférences des boulangers commerciaux pour la farine bromée. Le brome, un cancérogène présumé, peut encore aggraver l'insuffisance en iode étant donné que le brome entre en compétition pour l'absorption d'iode par la glande thyroïde et potentiellement d'autres tissus (c'est-à-dire le sein).

 

Des recommandations contre l’apport en sel dans l’alimentation

Les recommandations alimentaires au Etats-Unis (depuis janvier 2016) sont également en cause. La préconisation d’un apport en sel alimentaire réduit de 3 440 à 2 300 mg par jour peut avoir pour conséquence de réduire davantage l'apport d'iode provenant du sel (sel iodé). De telles recommandations pour la restriction universelle en sel (la préoccupation de santé publique étant l'hypertension sensible au sel) devraient être mises en balance avec les besoins en iode des jeunes femmes en âge de procréer, pour soutenir la santé du sein et de la thyroïde, potentiellement la prévention du cancer, et les besoins du fœtus en développement pendant la grossesse.

 

En conclusion, l'insuffisance alimentaire en iode représente une explication plausible de l'incidence croissante du cancer du sein chez les jeunes femmes présentant des métastases. Compte tenu de la réduction établie des niveaux d'iode chez les femmes américaines en âge de procréer depuis le milieu des années 70, ce groupe serait le plus vulnérable à un risque accru de cancer du sein. La sensibilité accrue du tissu mammaire aux changements prolifératifs induits par l'œstradiol dans le cadre de l'insuffisance alimentaire en iode fournit une explication plausible de l'incidence croissante du cancer du sein métastasique chez ce groupe d'âge. 

Laurence Pinelli Naturopathe

Photo : Anna Tarazevich

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