De la mastication à la digestion : chaque bouchée compte !

Tout le monde a déjà entendu dire qu’il faut bien mâcher ses aliments pour que la sensation de satiété nous coupe l’appétit et nous évite de trop manger… parce-que, si on mange trop vite, « le cerveau n’enregistre pas », Alors on mange trop et on se retrouve tout d’un coup avec un estomac distendu et une sensation de lourdeur, de pesanteur, qui nous oblige à desserrer la ceinture et nous rend patraque pendant les heures suivantes.

Si seulement le problème s’arrêtait là…

Tout comme un défaut au début de la chaîne de production d’une usine affecte la qualité du produit fini, une mastication insuffisante peut avoir des répercussions désastreuses sur votre santé. La mastication est le maillon essentiel de la chaîne de la digestion. 

Découper les fibres insolubles pour éviter les symptômes digestifs

La mastication sert à découper et écraser les fibres insolubles de certains légumes, légumineuses, oléagineux et des céréales complètes ou semi-complètes, car nous n’avons pas d’enzyme cellulase pour les dissoudre et les digérer. Il n’y a donc que nos dents pour les attendrir et les découper. Ces fibres insolubles insuffisamment mastiquées sont irritantes pour les intestins et peuvent aggraver les symptômes digestifs douloureux et les ballonnements.

Activer l'amylase salivaire pour digérer les amidons

La mastication est essentielle pour activer une enzyme qui se trouve dans la salive, l’amylase salivaire, dont le rôle est de digérer 60% des amidons (présents dans tous les féculents et les bananes). Pas de mastication suffisante = pas d’amylase suffisante = pas de digestion des amidons. Ces amidons insuffisamment digérés (car l’amylase pancréatique ne pourra guère exécuter que 40% du travail), iront nourrir les bactéries de fermentation et les levures présentes naturellement dans les intestins jusqu’à les faire proliférer de manière exagérée et provoquer une dysbiose de « fermentation » : ballonnements excessifs, parfois très douloureux, fatigue, idées confuses, prise de poids. Un défaut d’amylase dans la salive peut rendre obèse, comme le décrit une étude récente. Un défaut de mastication revient au même, car l’amylase, pourtant présente, n’a alors pas le temps d’agir efficacement.

Prédigérer les acides gras pour la digestion des graisses

Mâcher est important pour activer la lipase salivaire, qui prédigère les graisses alimentaires, mais surtout qui va donner l’information au pancréas de produire la lipase pancréatique ET à la vésicule biliaire de se contracter pour libérer la bile au moment de l’arrivée des graisses dans le duodénum. Sans bonne mastication, pas de bonne digestion des graisses car les sels biliaires et les sucs pancréatiques ne seront pas produits en qualité et en quantité suffisantes : les acides gras essentiels (oméga 3 et oméga 6) ne seront pas absorbés, les vitamines liposolubles (A, D, E, K) non plus, Et on aura bien sûr un fort ralentissement de la vidange gastrique (lourdeurs digestives, reflux, rots).

Attendrir les protéines pour faciliter le travail de l’estomac

Si les protéines, comme la viande, ne sont pas suffisamment mastiquées, elles ne seront pas correctement attaquées par l’acide chlorhydrique dans l’estomac et leurs précieux acides aminés ne seront pas assimilés par l’organisme (un peu comme si on attaquait aux ciseaux un gros dictionnaire au lieu d’en découper les pages). Mais ces protéines non digérées ne seront pas perdues pour tout le monde : elles vont aller nourrir les bactéries de putréfaction dans le côlon, qui vont provoquer une dysbiose « de putréfaction », donner des gaz malodorants et provoquer à la longue des lésions des cellules de l’intestin avec un risque de cancer colorectal, diverticulites, rectocolites hémorragiques et autres inflammations.

OUI, les gaz malodorants proviennent très souvent d’une mauvaise mastication !

Les conséquences d'une mauvaise mastication au-delà du système digestif

Tous les aliments insuffisamment mastiqués sont extrêmement agressifs pour les cellules de l’intestin ainsi que pour leurs jonctions serrées, qui sont garantes d’une bonne barrière intestinale. A la longue, celles-ci se dégradent et laissent passer dans le sang des molécules indésirables (notamment des lipopolysaccharides ou LPS, issus des bactéries à Gram négatif) qui sont capables de provoquer, loin de l’intestin (dans les articulations par exemple, ou sur la peau, ou ailleurs), des problèmes d’allergies, d’inflammations, jusqu’à déclencher des maladies auto-immunes !

Comme toutes les bonnes habitudes, une bonne mastication s’acquiert avec de l’entraînement. Réduire la taille des bouchées, mâcher chacune d’elles jusqu’à essayer de la réduire en bouillie, savourer les goûts et les saveurs des aliments, poser ses couverts entre chaque bouchée… de multiples astuces existent pour s’entraîner à bien mastiquer. Prendre le temps… car ne pas manger lorsqu’on n’en a pas le temps est moins grave que de manger sans mastiquer.

Et puis il faut aussi avoir de bonnes dents… vraies ou fausses, mais c’est l’étape numéro 1 !

Bon appétit !

Laurence Pinelli

Naturopathe micronutritionniste

 

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