Vésicule biliaire : le danger des régimes faibles en lipides

Au cours de mes consultations, j’ai rencontré plusieurs personnes assez jeunes qui avaient dû subir une ablation de la vésicule biliaire suite à des calculs ayant causé une crise douloureuse.

La colique biliaire (ou colique hépatique) est considérée comme une urgence médicale, car selon l’endroit où le calcul se bloque, il peut provoquer une pancréatite aigüe (car les canaux biliaires et pancréatiques se rejoignent avant de se déverser dans l’intestin).  

Leur point commun : elles avaient (hommes et femmes), soit observé un régime hypocalorique faible en lipides pendant plusieurs mois, soit avaient l’habitude de se priver de graisses dans leur alimentation quotidienne, par peur de grossir ou par phobie/dégoût du gras(*). Et lorsque, parfois, une prédisposition génétique (par exemple le syndrome LPAC) vient s’ajouter à ces pratiques alimentaires, les risques de cholestase sont aggravés.

Une alimentation industrielle, trop riche en graisses saturées de mauvaise qualité, graisses « trans », acides gras oméga 6, en glucides raffinés, fructose et l’alcool affectent le plus souvent, avec le temps, le fonctionnement hépatique et par conséquent les problèmes de vésicule biliaire. Les calculs bilaires sont également un symptôme d’hypothyroïdie, parfois non décelée car la TSH est dans les normes (toujours vérifier le niveau de T3 et les symptômes)…

Mais une cause fréquemment ignorée car méconnue est le manque de gras dans l’alimentation !

Car une alimentation trop faible en lipides peut affecter le fonctionnement de la vésicule biliaire de plusieurs manières :

En augmentant le temps de stockage de la bile

Tout d'abord, la vésicule biliaire est un organe qui stocke la bile produite par le foie et qui est libérée dans l'intestin grêle pour aider à la digestion des graisses. C’est la cholécystokinine (CCK), une hormone digestive produite par les cellules de la muqueuse du duodénum et du jéjunum en réponse à la présence de graisses et de protéines dans l'intestin, qui stimule la contraction de la vésicule biliaire. Elle favorise également la sécrétion d’enzymes pancréatiques pour la digestion des aliments. Les aliments riches en graisses tels que les avocats, les noix, les huiles, les poissons gras, les viandes grasses et les produits laitiers entiers stimulent la production de CCK, ainsi que les protéines.

On comprend donc qu’une alimentation faible en lipides puisse réduire la contraction de la vésicule biliaire. On dit qu’elle devient « paresseuse ». Si sa contraction est réduite, la libération de bile est entravée, ce qui peut entraîner la formation de calculs.

En modifiant la quantité de bile et sa qualité

Lors d’une consommation faible en matières grasses, le foie peut diminuer sa synthèse de bile devenue moins utile et également réduire la production de phospholipides, des molécules présentes dans la bile qui aident à émulsionner les graisses. Une réduction des phospholipides peut entraîner une altération de la qualité de la bile en la rendant plus épaisse, moins fluide, ayant donc plus de mal à s’écouler. Ce qui, en plus de diminuer son efficacité dans la digestion des graisses, la fera stagner plus volontiers dans la vésicule jusqu’à former des calculs.

Comment éviter cela ?

Il existe de nombreuses études scientifiques qui ont examiné l'impact d'une alimentation faible en lipides sur la santé de la vésicule biliaire.

Une bonne façon d’éviter la formation de calculs dans la vésicule biliaire est de limiter les apports en aliments ultra-transformés et en glucides, consommer quotidiennement une bonne quantité de lipides de qualité : jaunes d’œufs bio ou de poules fermières (riches en choline, indispensable notamment à la santé du foie et du cerveau), huile d’olive de première pression à froid, avocats, noix, graisses laitières et d’animaux nourris à l’herbe… associés à des protéines en quantité suffisante et des légumes (pour leurs fibres, qui stimulent également la CCK).

Attention également à manger sans stress et à bien mastiquer, à distance suffisante d’un exercice physique intense, afin que les enzymes digestives, dont la bile, puissent être correctement libérées et agir au bon moment !

Laurence Pinelli

(*) : cette phobie ou dégoût du gras dès l’enfance mérite d’ailleurs un examen approfondi de la fonction biliaire car une condition génétique particulière peut tout à fait en être responsable, en empêchant une bonne digestion des graisses.

Précédent
Précédent

L’oeuf, ami ou ennemi ?

Suivant
Suivant

De la mastication à la digestion : chaque bouchée compte !